Témoignages inspirants de nos voyageurs

Interview réalisée en février 2023

Anaïs (9 ans), Noëmy (13 ans), Myriam et Bruno, La Famille En Vadrouille, ont été voyageurs solidaires en 2021–2022.

« En 2021, nous avons décidé de nous extraire de notre quotidien pour vivre une aventure : un voyage de 10 mois en famille.

Il était important pour nous de donner du sens à cette parenthèse, une dimension solidaire. C’est pourquoi nous avons souhaité partager notre expérience avec les jeunes bénéficiaires de l’association L’enfant@l’hôpital. Pour Noëmy, c’était l’occasion de faire voyager avec nous des enfants qui n’avaient pas notre chance de pouvoir sortir de leur environnement.

Les moments forts de l’aventure avec l’association ont sans hésitation été les rencontres avec les jeunes, que ce soit avant notre départ ou à notre retour. Que d’émotions ! Nous étions attendus avec impatience dans les différents groupes, et avons senti à chaque fois une joie sincère de nous recevoir.

Nous avons tous les 4 adoré rencontrer les jeunes et pouvoir échanger avec eux autour de notre voyage ! Au retour, nous étions même étonnés de nous rendre compte qu’ils avaient retenu des détails que nous avions presque oubliés, et de voir à quel point ils s’étaient attachés à Raoul, notre camping-car !!

Bien sûr, la confrontation avec les difficultés de certains jeunes a été un peu difficile, surtout pour les filles (Anaïs nous a dit que ça lui faisait de la peine de voir des enfants en fauteuil ou qui avaient du mal à s’exprimer), mais c’est un apprentissage important, et l’enthousiasme des rencontres prenait rapidement le dessus !

Nous avons apprécié avoir des nouvelles des différents groupes chaque semaine et leur raconter nos péripéties dans nos carnets et nos messages.

Ce qui nous a aussi beaucoup touchés a été de savoir que certains jeunes s’étaient ouverts lors des ateliers Kolibri autour de nos carnets, menés chaque semaine par des animateurs de l’association.

Et que dire des défis que nous envoyaient certains groupes ? Nous nous sommes retrouvés à goûter des sauterelles grillées, à manger du poulpe cru, ou encore à apprendre par cœur et inventer une chorégraphie sur la chanson « Mexico » de Luis Mariano… Des efforts sur le moment pour aller au bout de nos défis, mais de très bons souvenirs !

Pour nous, L’enfant@l’hôpital est synonyme d’échange, de partage et de belles rencontres.

Etre voyageur solidaire demande un investissement en temps pour rédiger toutes les semaines un carnet de voyage et un message à chaque groupe qui vous suit, mais quel plaisir de savoir qu’on envoie chaque semaine un rayon de soleil à des jeunes fragilisés, et qu’on contribue à les ouvrir au monde ! »

Interview réalisée en mars 2021.

Qu’est-ce qui vous a le plus plu dans l’expérience de Voyageurs solidaires pour L’enfant@l’hôpital ?

Nous souhaitions vivement être voyageurs solidaires longtemps avant notre départ. C’était même un objectif pour nous. Nous allions découvrir de nombreuses choses, et voulions partager justement ces moments avec des enfants qui n’ont pas forcément la chance de le faire. Nous avions la sensation que les enfants voyageaient avec nous, et nous avons adoré cette sensation ! A certains endroits, nous voulions absolument prendre une photo pour la montrer aux enfants, et avions hâte de lire leur réaction.

Que vous a apporté cette expérience de partenariat solidaire ?

Ce partenariat nous a apporté un surcroît de motivation, et a aussi réduit notre appréhension à aborder certaines personnes. Nous voulions vraiment faire découvrir certains métiers artisanaux aux enfants, pour montrer autre chose que des photos de paysages ; c’est ainsi que nous, d’un naturel plutôt timide, sommes allés aborder un agriculteur en France pour apprendre la culture du lin, sommes entrés dans un moulin en fonctionnement au Pays-Bas, ou avons échangé avec un couple de fermiers roumains pour apprendre la confection du fromage local (qu’on nous offrira d’ailleurs à la fin de la démonstration!). Nous avons ainsi fait des petits films pour les enfants ; et avons appris grâce à eux ! Nous n’aurions sûrement pas osé aborder ces personnes si cela n’avait pas été pour un but plus grand que notre seule curiosité. Echanger avec les enfants nous a procuré une bouffée d’air frais, car leur regard, souvent innocent sur ce que nous voyons, est très agréable, remet les choses en perspective et permet d’apprécier encore plus la chance de voyager au long cours. »

Avez-vous un événement marquant à nous relater lors de vos échanges avec les enfants ?

Nous avons plusieurs événements marquants. Le premier s’est déroulé au début de notre voyage. Nous racontions la difficulté de rouler sur les pavés. Là, un enfant fait un parallèle avec les secousses subies en fauteuil roulant. 

Nous nous sommes sentis chanceux d’avoir la liberté d’arpenter à notre guise l’Europe ! 

Puis au final, dans nos échanges, nous avons oublié l’aspect handicap pour ne retenir que le côté de l’enfance. En effet, leurs questions ou remarques étaient très similaires à celles d’autres enfants, ou même d’adultes. Ainsi les voir enfin à la fin de notre voyage était très émouvant. D’une part, nous mettions un visage sur tous ces prénoms avec qui nous avions correspondu, et surtout, nous nous rendions compte à quel point leur esprit a soif de découvertes, et est ouvert. Ils ne s’apitoient pas sur leur handicap, et sont souriants, curieux et heureux de nous voir. Cela nous a beaucoup touché !

Si on vous dit “L’enfant@l’hôpital”, vous répondez ?

Si on nous dit enfant@lhopital, on pense à une magnifique aventure ! Nous sommes vraiment ravis d’avoir pu en être, et encourageons tous les voyageurs au long cours à le devenir. Cela prend certes un petit peu de temps, mais la notion de partage et de découverte de l’autre est tellement belle et forte.

« Je suis partie comme correspondante de voyage pour l’association L’enfant@l’hôpital en 2017/2018. Mon voyage m’a emmenée au Vanuatu puis en Nouvelle Calédonie et il s’est terminé en Australie.

Le premier moment intense fut la rencontre avec les enfants avant mon départ et voir ainsi leur excitation pour le projet. J’ai eu le sentiment de voyager pour eux et avec eux. À chacune de mes escales, je cherchais ce qui les intéresserait et les amuserait. Au fil du temps, nos échanges se sont enrichis  : ils ont d’abord posé de simples questions, souvent drôles et pertinentes. Puis ils se sont inquiétés pour moi, ils ont dessiné, inspirés par mes récits, et écrit des histoires reprenant des événements du voyage.  Et ils m’ont même fait des photos et des vidéos les mettant en scène !

Finalement j’ai reçu autant que j’ai donné…  Même plus ! Il y avait 100 enfants et adolescents qui comptaient sur moi ! »

Éléonore – « Les détours de Léo »

« J’ai découvert l’association L’enfant@l’hôpital en 2016 alors que je m’apprêtais à partir faire un long voyage de 12 mois à travers le monde.

Mon projet s’appelait (et s’appelle toujours) « Mes Ptits Bouts Du Monde » : un an de reportages à la rencontre des enfants du monde, de l’Asie à l’Océanie en passant par l’Australie.

Je ne me voyais pas ne pas partager mes découvertes et ma curiosité avec des enfants en France !

J’ai alors contacté des écoles primaires et en fouinant sur internet, l’association est apparue. Ce n’est pas un hasard je pense, car elle se devait d’être sur mon chemin, et je ne le savais pas encore à ce moment là. Mais elle allait intégralement faire partie de mon voyage pendant un an !

En quelques mots, l’asso c’est quoi ? C’est un formidable lien. Les bénévoles sont le relais entre les curiosités du monde et les enfants, dont le rapport avec l’école est rompu, soit du fait d’une maladie, soit d’un contexte social difficile.

Le voyageur partage ses voyages avec les enfants via une correspondance, mais pas que. La relation va beaucoup plus loin.

Avant même le départ, on est amené à rencontrer les enfants qui vont suivre nos pérégrinations. Cette étape est absolument essentielle afin qu’ils puissent mettre un visage sur un nom. Et également pour qu’ils se rendent bien compte que la personne, qui va leur écrire depuis des contrées lointaines, est bien réelle. <Et que toute cette correspondance est loin de n’être que virtuelle !

Durant cette rencontre d’avant départ, j’ai expliqué aux enfants mon projet de voyage. J’ai amené mon sac à dos rempli d’objets « clin d’œil » pour les faire un peu voyager eux aussi ! Un collier de fleurs, un ananas à lunettes de soleil, un masque de plongée, des tongs, un dictionnaire, un chapeau pointu… ! Le but ? Créer du lien. Entre eux et moi.  Qu’ils se sentent investis et concernés par ce voyage qu’ils vont vivre par procuration…

Puis, vient le moment du départ.

Toutes les 2 semaines pendant un an, je leur ai écrit.

Mes grandes découvertes, comme ma rencontre avec un orang-outan en voie de disparition en Malaisie, le jour où j’ai nagé avec des gentils requins-citron en Polynésie, ma grimpette en haut du Machu-Picchu… Et aussi mes petits tracas quotidiens : ce que je mangeais, est-ce que j’étais parfois malade, où je dormais… Ces petits détails avaient tout autant leur importance que les moments forts du voyage.

Mes lettres virtuelles étaient un rendez-vous régulier pour eux. Ils les attendaient avec impatience pour savoir ce qui m’était arrivé, où j’en étais par rapport à « l’épisode précédent ». Les plus réfractaires à la lecture se prenaient au jeu et étaient obligés de déchiffrer les mots pour pouvoir connaître la suite de l’histoire. Les bénévoles, avec le soutien des professeurs, adaptaient même les programmes de géographie en fonction des pays traversés, les animaux que je croisais sur ma route étaient étudiés en classe…

Bref, l’école de la vie en voyage devenait pour eux, l’école tout court. Les lettres qu’ils lisaient avaient un goût bien réel comparé aux livres de lecture obligatoires. Et pour les impliquer toujours d’avantage, ils m’écrivaient à leur tour, me posaient des questions auxquelles je répondais la fois suivante, sur la culture du pays, sur les enfants, sur mon moral, sur ma vie au bout du monde… Et je répondais à chacune des questions en prenant soin de nommer chaque élève.

C’est une relation sur du long terme qui s’engage quand on se lance dans l’aventure L’enfant@l’hôpital. Du côté du voyageur, c’est parfois difficile de maintenir le rythme et la fréquence des nouvelles car les aléas du voyage sont imprévisibles. C’est néanmoins un devoir que de s’y tenir pendant toute la durée du voyage. Car les enfants attendent de nos nouvelles, attendent de savoir, et peuvent se sentir délaissés si on n’est pas assez présent…

Et au retour… au moment de la visite aux enfants après un an de correspondance… Quel bonheur immense, indescriptible, des deux côtés !!!

Je me rappellerai toute ma vie, cette joie intense quand ils m’ont raconté avec leurs mots les anecdotes qui les avaient marqués !

Des histoires drôles, comme la fois où j’ai croqué dans une mygale en Asie ou un cochon d’Inde au Pérou et aussi des informations très pertinentes qui m’ont permis de voir à quel point ils avaient appris via le travail des bénévoles sur les lettres envoyées.

Ils étaient capables de me dire ce qu’était une espèce endémique et de m’en citer plusieurs en Australie, de situer la Birmanie sur une carte, de connaître une merveille du monde en Amérique du Sud, et beaucoup d’autres informations encore.

La méthode fonctionne. Oui, les enfants apprennent en s’amusant, par le biais des voyageurs, en mêlant le ludique à l’apprentissage, en s’impliquant naturellement dans un projet qui devient aussi le leur au fil des mois.

Cette relation créée m’a apporté tellement… Parfois, quand en voyage le moral peut être à plat, ils étaient aussi là pour me rappeler que mon histoire devait continuer, pour moi certes, mais aussi pour eux… Pour tous ces ptits bouts avec des rêves plein la tête et des envies d’évasion quotidienne, loin des tracas que la vie peut leur faire subir…

Ils m’ont porté haut, ont souvent allégé mon sac à dos avec leur innocence et leur bienveillance. Ils m’ont aidé à aller au bout du chemin que je m’étais fixé…

C’est une merveilleuse aventure que celle de L’enfant@l’hôpital <3″

Jessica, « Mes Ptits Bouts du Monde »